« Si vous traitez un individu comme il est, il restera ce qu'il est.
Mais si vous le traitez comme s’il était ce qu'il doit et peut devenir, alors il deviendra ce qu'il doit et peut être. »

Behandle die Menschen so, als wären sie, was sie sein sollten, und du hilfst ihnen zu werden, was sie sein können.

J. W. von Goethe, Faust I

Art Therapie Virtus

mardi 6 juillet 2010

1/ Livre – Le soi hanté – dissociation structurelle et traitement de la traumatisation chronique

Date de parution : 06/07/2010
Editeur : De Boeck
ISBN : 978-2-8041-6045-6
EAN : 9782804160456
Présentation : Broché
Nombre de pages : 538
Poids : 0,89 kg
Dimensions : 16,0 cm × 24,0 cm × 2,9 cm
Le quotidien des personnes atteintes de traumatismes chroniques est une lutte incessante. En effet, beaucoup d'entre-elles éprouvent régulièrement des difficultés, sont en proie à de violents conflits intrapsychiques et ne parviennent pas toujours à gérer leur vie harmonieusement. Leurs symptômes et leurs souffrances, généralement liés à un passé douloureux, sont souvent mal compris, d'autant que certains cherchent à dissimuler la détresse qui les accable. Il est dès lors difficile pour le thérapeute de déterminer et de traiter le noeud du problème. Se fondant sur la théorie de la dissociation structurelle de la personnalité ainsi que sur la psychologie janétienne de la conduite, Le soi hanté propose un modèle de traitement par étapes, centré sur l'identification et le traitement de la dissociation structurelle ainsi que des actions mentales et comportementales inadaptées. Cette approche expose au patient les raisons qui le poussent à agir et à penser de manière inadaptée et le guide progressivement jusqu'à l'acquisition d'actions comportementales et mentales plus efficaces, lui permettant ainsi une meilleure adaptation dans la vie quotidienne. Les étudiants en psychologie clinique et en psychiatrie mais aussi les cliniciens, les chercheurs ainsi que tous ceux qui s'intéressent aux survivants adultes de négligences et de maltraitances chroniques pendant l'enfance trouveront ici des outils et des conseils efficaces pour rendre les thérapies plus efficaces et mieux tolérées par le patient.
François Mousnier-Lompré –  Traducteur
Erik de Soir – Préfacier

Onno van der Hart,  Ph. D., est Professeur honoraire de psychopathologie de la traumatisation chronique au Département de Psychologie clinique et de Psychologie de la Santé, à l'Université d'Utrecht, aux Pays-Bas. Il est également psychologue/ psychothérapeute au Centre 5inai de Santé Mentale d'Amstelveen. Il a été Président de la Société Internationale d'étude du Stress Traumatique (ISTSS).
Ellert R. S. Nijenhuis,  Ph. D., est psychologue clinicien, psychothérapeute et chercheur. Il est affilié au Mental Health Care Drenthe aux Pays-Bas et collabore avec diverses universités. Il a été directeur du Conseil exécutif de la Société Internationale d'Étude du Trauma et et de la Dissociation (ISSTD).
Kathy Steele M., N., C. S., est directrice clinique des Services Métropolitains d'assistance psychologique d'Atlanta (Géorgie), centre de formation et de psychothérapie à faible coût. Elle appartient à l'équipe administrative de l'ISSTD et a été présidente de celle-ci.
François Mousnier-Lompré, Hélène Dellucci sont tous deux psychologues et psychothérapeutes. 
Erik De Soir, est psychologue et vice-président de l'Association de Langue Française pour l'Etude du Stress et du Trauma, il est spécialisé dans l'étude de la gestion des catastrophes et a rédigé de nombreux ouvrages sur la gestion du stress post-traumatique.
_______________________
Autres billets sur Le soi hanté
2/ Pour le thérapeute dans la dissociation structurelle par Erik De Soir 
3/ La dissociation structurelle de la personnalité
4/ Diagnostics et dissociation structurelle
5/ Notion de niveau mental

samedi 29 mai 2010

Le syndrome de l'imposteur par Brigit Spinath

n° 39 – mai-juin 2010
par  Brigit Spinath
Certaines personnes pensent qu'elles ne méritent pas les succès qu'elles obtiennent, même si elles ont travaillé dur pour y parvenir. Les victimes de ce « syndrome de l'imposteur » – en majorité des femmes – craignent en permanence d'être accusées d'escroquerie.
…/…
C’est ce que les psychologues appellent le « syndrome de l’imposteur ». La personne qui en souffre ne parvient pas à s’attribuer les mérites de sa réussite : elle pense que la bonne évaluation de ses performances n’est due qu’à son charme, à ses relations ou simplement à la chance. On observe souvent ce syndrome chez des personnes qui ont fait une carrière sans accrocs et qui ont toujours obtenu de très bonnes performances
Pour lire la suite du billet, cliquez sur le logo de Cerveau & Psycho

mardi 4 mai 2010

Temporalité par François Pommier

Entre corps et psyché : les addictions 
sous la direction de Dominique Cupa, Michel Reynaud, Vladimir Marinov et al. (auteur)
Editeur : Edk.  Date de parution : 03/05/2010.
Page 209
François Pommier
Psychiatre, psychanalyste, professeur de psychopathologie, membre du Laboratoire de psychopathologie psychanalytique des Atteintes Somatiques et Identitaires (LASI), EA 4430, Paris Ouest Nanterre La Défense. 

Temporalité du traitement d'une addictée.
Au terme de cette journée de travail sur les addictions entre corps et psyché, j'éprouve un certain embarras à vous parler dans un temps record, de la temporalité dans le traitement des addictés. Je vais tenter de le faire de façon un peu lapidaire c'est-à-dire en suivant une dynamique inverse par rapport à la manière dont on procède avec nos patients puisque les cures des addictés sont souvent très longues et que pouvoir se donner l'éternité du temps est fondamental dans ces traitements au cours desquels nous sommes souvent contraints « d'animer le rien, d'habiller de parole le vide », en tentant de repérer certaines dissonances et de proposer à partir de ces signes parfois minuscules, un traitement qui se fonde sur la substitution, non pas du produit, (le produit de substitution), mais une « substitution de la dépendance »1 qui puisse se jouer dans le transfert, et créer l'espace virtuel du dire.

Pour le formuler de façon un peu schématique et en faisant un clin d' œil si j'ose dire à la théorie de la séduction suivant J. Laplanche (séduction restreinte, généralisée et originaire), le problème de la temporalité peut être envisagé en reprenant les même termes.
Temporalité restreinte, inhérente au temps éternel, inerte, sacré et immuable (temps cyclique des répétitions) qui s'inscrit pendant la séance, temps empreint de la parole du patient supposé-savoir qui se révèle par les silences ou l'écho qu'en renvoie l'analyste (temps paradoxal, au rythme différent l'habitude, susceptible d'osciller de l'immobilité et sentiment océanique ou d'immortalité).
Temporalité généralisée si l'on se réfère au temporel, au temps ordinaire en somme, qui nous contient tous, et mesuré, temps marqué par la durée des séances et l'intervalle qui les sépare (temps linéaire évoquant une prise de conscience des transformations irréversibles et de la finitude de la vie).
Temporalité originaire si l'on pense à l'organisation du clivage temporel dont vont dépendre les capacités du sujet à rassembler son corps morcelé en une totalité unifiée et, conjointement, à trouver l'altérité (instant fugitif, hors de durée, mais essentiel).
__________________________
1. M.-J. Taboada, J. Ebert, J.-Y. Mege et F. Pommier, « Que reste-t-il de nos amours ? on la thérapeutique du reste », in Pour une clinique du toxicomane : traitements limites et perspectives. Actes des Deuxièmes Journées belges de la Plate-forme internationales, Bruxelles. Prodim, pp. 235-41. 

mercredi 24 février 2010

9/ Vignette clinique – Virginia W. par Nayla Chidiac

Page 138
Virginia W. est une jeune femme de vingt-neuf ans adressée pour la première fois en 2003 pour scarifications, plusieurs tentatives de suicide (la première lorsqu'elle avait cinq ans) et un probable traumatisme.
Dès le premier atelier, elle demande à arrêter, prétextant qu'elle ne va pas pouvoir supporter d'être en groupe et que, de toute façon, elle n'atteindra jamais son trentième anniversaire, donc à quoi bon ! Elle part sans attendre de réponse. Nous avons juste le temps de lui demander son écrit ; surprise par cette demande, elle demande à quoi cela peut servir et s'en va en nous le laissant quand même, sans attendre de réponse. Elle reviendra de 2003 à 2007, mais son suivi aura toujours cette tonalité impulsive et discontinue.
Dans son anamnèse, on retrouve maintes hospitalisations avec une scolarité et des études universitaires réussies. « Il n'y a qu'au travail que j'ai le sentiment d'exister », dit-elle.
Le contact restera réservé, et malgré une méfiance et une difficulté à verbaliser, peu à peu Virginia W. reviendra demander la consigne.
Ses textes seront brefs, d'une propreté étonnante, les lettres ne se touchent jamais. Son registre thématique étant composé de « honte/saleté/trou noir », son registre sensoriel ne sera qu'olfactif, associé à la nausée.
Au début de cette thérapie, Virginia W. ne pouvait investir aucun lien et ne tolérait aucune règle. Paradoxalement, elle était extrêmement ponctuelle et d'une grande rigueur lorsqu'elle décidait de participer à l'atelier. Ce qui la maintenait était essentiellement la « surprise » créée par l'annonce de la consigne et le défi d'y répondre. Son côté bonne élève reprenait le dessus ? mais il fallait rester très prudent.
Les progrès furent longs et lents. Tout commença par l'interruption fréquente due à ses aller et retour, ensuite elle décida d'elle-même de laisser ses écrits et de ne prendre que les photocopies alors qu'auparavant elle faisait l'inverse. Tout devait venir d'elle et le fait de savoir qu'elle pouvait agir ainsi la rassurait. Mais dès qu'elle était confrontée à la moindre difficulté en atelier et/ou dans sa vie professionnelle, tout était remis en question. L'écriture/l'atelier sa vie : pendant quelques années, ce fut le cadre de l'atelier, régi par sa contenance et ses règles, qui fut le plus thérapeutique ; c'était un lien où elle pouvait penser en s'étayant sur l'écrit, dans un cadre contenant, résistant à ses propres fractures spatio-temporelles. Elle a toujours fait abstraction du groupe, restant courtoise, mais excessivement silencieuse, tournée essentiellement vers le thérapeute. Par ailleurs, ses menaces d'interrompre l'atelier et de mourir étaient au début murmurées, telle une provocation, au thérapeute en fin d'atelier.

Sur la thématique de son inceste, puisque c'est de cela dont il s'agissait pour Virginia W., très peu sera exprimé ; néanmoins quelque chose a pu être tissé entre l'avant et l'après « trou noir », ce qui pouvait permettre une localisation psychique du traumatisme afin de le laisser là, tel un cerclage, sans qu'il ne déborde sur l'avant ou l'après traumatisme. Aucun effet non plus sur les écrits qui restent sans rature, les lettres très droites, le nom, la date, la consigne étant appliquée, sans accès à l'imaginaire, restant dans le factuel.
Virginia W. se sentait décalée par rapport aux écrits des autres et semblait s'ennuyer. Il est vrai aussi que la lecture de ses textes était d'une grande monotonie, une monotonie rendant toute émergence pulsionnelle impossible.
C'est à force de formes littéraires différentes que Virginia W. s'est autorisée à continuer à venir, surmontant une difficulté, une épreuve où elle se sentait revalorisée car elle pouvait constater qu'elle y parvenait toujours et qu'un lien se tissait entre elle, le cadre et le thérapeute. Le temps, lui-même cadre contenant, a fait son travail. Un changement étonnant a pu advenir. À la consigne « arbre de vie arbre de mort ; forme : libre », Virginia W. n'a pas choisi sa forme de prédilection, le quatrain, mais a créé une nouvelle forme graphique, on pourrait dire proche des Calligrammes d'Apollinaire. La forme originale reste cependant chirurgicalement nette, et pour la première fois non seulement ses écrits se dessinent mais ses souffrances aussi : « Demain m'angoisse, deux mains me terrorisent », le tronc de l'arbre de mort est constitué du mot « inceste » en verticale, les branches étant ses « tranches de vies meurtries ».
Nous avons pu lui permettre au fil des séances une plus grande liberté pour exprimer ses souffrances tant qu'elle pouvait le faire sous forme de schémas (en précisant bien schéma, et non pas dessin). Peu à peu, un schéma accompagné de légendes devint rapidement paragraphe et texte.
La forme a changé, sa créativité et son imaginaire ont pu s'étayer au niveau du contenant – ce qui est déjà un premier résultat, même si le contenu reste froid, retenu, sans vie, sans personnage, uniquement des questionnements. Ce changement de style se retrouve dans sa vie ;
Virginia W. a pu passer des concours et progresser professionnellement.
Et s'il n'y a eu aucune menace ni passage à l'acte depuis 2007, néanmoins aucune amélioration du point de vue de sa vie relationnelle n'a pu encore être constatée.
 _________________________________
Autres billets sur le livre de Nayla Chidiac – Ateliers d'écriture thérapeutiques

8/ Un travail de lien par l'écriture thérapeutique – Nayla Chidiac

Page 55
Pour les patients victimes de traumatisme, l'écriture permet un travail de lien pour arriver à un Soi non effracté, alors capable d'élaborer et de créer. L'écriture devient un travail qui participe à la reconstruction de la personne blessée, voire anéantie par son trauma, afin de panser une blessure psychique par une pensée matérialisée et permise par la médiation de l'écriture. Le trauma est ainsi analysé sur différents plans et notamment sur celui de la temporalité. L'écriture éminemment subjective du parcours de vie devient en quelque sorte le maillon manquant qui tisse le lien transgénérationnel, reliant ainsi la génération des parents avec celle de leurs descendants.
Nous favorisons par conséquent :
• toutes les formes mais avec des thématiques ciblées telles que :
la perte, la colère, la douleur, le lâcher prise, la peur, le toucher, l'avenir, la séparation ;
• l'alternance des formes et des thèmes d'une séance à une autre :
ainsi, ne jamais faire deux séances suivies de dialogues ou deux séances consécutives consacrées à la séparation ;
• lors du temps de parole, nous privilégierons la discussion autour du ressenti de l'écriture elle-même ainsi que des processus mis en œuvre par les patients lors de l'écriture.
 _________________________________
Autres billets sur le livre de Nayla Chidiac – Ateliers d'écriture thérapeutiques
1/ Chidiac Nayla – Ateliers d’écriture thérapeutique
2/ La médiation écriture 3/ Que permet l'écriture en psychothérapie à médiation artistique ?
4/ L'écriture cathartique
5/ L'autofiction
6/ Pour Semprun, l'écriture et la mémoire sont indissociables
7/ Dans 
le cadre d'un atelier à visée thérapeutique, l'écriture permet de ressentir 
un plaisir
9/ Vignette clinique – Virginia W